Le secteur du droit connait depuis plusieurs mois une série de bouleversements. Dans le but de simplifier les démarches et de rendre les services plus accessibles, plusieurs start-ups voient le jour. Ces entreprises de la LegalTech font leur révolution, tour à tour inquiétant ou motivant les acteurs du juridique.
Le digital au service du droit
Le droit français a la réputation d’être parmi les plus compliqués. Rarement remis en question, il jouit d’un statut d’intouchable. Pourtant, plusieurs start-ups se sont mises en tête de le révolutionner, notamment en le rendant accessible en ligne. L’objectif de la démarche est double, contenter ses utilisateurs et, pourquoi pas, désengorger les tribunaux.
Les nouvelles technologies servent les intérêts de ces jeunes pousses qui misent tout sur le digital pour bousculer les habitudes. Numérisation de documents, automatisation de certaines tâches, digitalisation, consultation virtuelle de professionnels, le juridique peut répondre aux nouveaux besoins des usagers grâce au numérique qui se met au service de la simplification des démarches.
Comme ce fut le cas pour la Fintech dans le secteur bancaire, le droit s’ubérise et n’hésite plus à utiliser des solutions innovantes : big data pour stocker les données, signature digitale, plateformes B2B qui permettent à tous de gagner du temps et de l’argent, développement de la Blockchain afin de renforcer la sécurité des transmissions de données juridiques… Tous les secteurs profitent de ces bouleversements.
Le ressenti des professionnels
Dans un premier temps, les professionnels du droit se sont sentis menacés par l’avènement de ces start-ups. Selon eux, elles offraient des services peu fiables qui ne remplaceraient jamais leurs actions. Pourtant, ils ont vite compris l’intérêt qu’ils avaient à s’adapter, compte tenu de l’accueil qui a été fait à ces entreprises par le public, et de la place grandissante qu’occupent les nouvelles technologies dans tous les secteurs professionnels.
Désormais, il n’est pas rare de constater que ces acteurs du juridique sont devenus parties prenantes de ces actions et non plus spectateurs, se montrant ouvert à la démocratisation du droit, rassurés de savoir aussi qu’il ne s’agit pas de les remplacer mais bien de développer les services de façon à les rendre plus accessibles.
Les start-ups qui cartonnent
Aux États-Unis, les start-ups LegalTech connaissent un succès grandissant depuis plusieurs années. Rocket Lawyer, jeune pousse californienne et pionnière du mouvement, est devenue incontournable, tout comme LegalZoom. Le marché français offre les mêmes opportunités aux entrepreneurs, il est prêt à réagir à l’émergence des technologies du droit, rassuré par la croissance du marché de l’automatisation juridique, près de 20 % par an.
LeBonBail, Guacamol ou encore Jurifiable font partie des succès de la LegalTech française. Le premier permet de générer automatiquement un contrat de bail, le second offre la possibilité d’immatriculer une entreprise en ligne, le troisième propose de trouver un avocat sur internet et de bénéficier de conseils juridiques de manière simple et rapide. Alexis Beaumont, cofondateur de Jurifiable évoque les LegalTech et son optimisme face à l’engouement qui est en train de se créer pour ces start-ups qui innovent : « Nous observons que de nombreux internautes ressentent un besoin d’accompagnement, mais appréhendent les honoraires pratiqués. Les LegalTech servent aussi à éclairer les internautes en rendant plus transparents les honoraires des consultations juridiques. Pour tout consommateur l’élément le plus bloquant quelque soit le domaine est « l’inconnu du prix », en affichant un prix clair et précis en amont les acteurs du juridiques sont à même de capter une clientèle nouvelle et éduquée sur les pratiques de cette industrie. Sachant cela, les LegalTech ont beaucoup a apporter aux acteurs juridiques (avocats notamment) dont les internautes avaient tendance à se détourner par peur d’être confrontés à des prix inconnus. »
Les outils permettant de simplifier le droit, par l’accomplissement de diverses tâches juridiques, et le développement de l’intelligence artificielle qui se met au service des contentieux, sont réellement en plein essor. LegalStart (spécialisé dans les procédures judiciaires en ligne), Freddelacompta (et son panel de prestations comptables en ligne), Payfit (plateforme pour l’automatisation de la paie des employés) et de nombreuses autres cartonnent non seulement auprès du public, mais se font une place grandissante au sein même des sociétés qui y trouvent aussi des avantages.
La révolution du droit est en marche et les LegalTech n’ont pas fini de surprendre. Les innovations proposées évoluent en fonction des besoins et des avancées technologiques, rendant leur développement impossible à stopper. Un air de modernité souffle sur le juridique français.